Semaine 3. Semaine 4. Malade. Froid. Fatigue. Neige. Mois de l'Histoire des Noirs. Féminisme. Revengeance des Duchesses. Québec. Colère. Questions. Peur. Solitude. Cafés. Plaisir. Arts. Lecture. Recherches. Bref, Semaine 3 - Semaine 4.
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L'objet de cette résidence est celui du corps de la Femme Noire, mon corps, de sa présence, de son absence, de sa visibilité. C'est en tout cas ce qui se retrouve dans le texte de candidature décrivant mon ambition de recherche. Je questionne ce qui rend cette présence si visible ou invisible. J'ai lu, écouté et me suis perdue dans mes pensées et recherches. Il était fort important de me perdre, merci d'ailleurs à ceux qui me l'ont conseillé.
Cette semaine j'ai essayé de construire une phrase pouvant me décrire autant en tant que corps physique que corps existant. J'ai voulu dire "Je suis..." et je me suis retrouvée sans possibilité satisfaisante. Toujours quelque chose se tournait mal, ma langue peut-être. Je ne sais/suis pas. Je suis des mots qu'on a mis sur moi, enfoncés si forts que moi-même je ne sais pas s'ils me décrivent ou m'obligent. Ces mots sont "temporaire", "étrangère", "femme", "Noire",... Ces mots sont "moi" et ces mots décident des actions qui m'incombent. Ces mots m'obligent à justifier pourquoi j'existe.
J'écris ces mots et je me pose... Et en ouvrant le livre que je feuillette ces derniers jours je décide de m'aventurer là, dans le corps chez Madeleine Gagnon [1].
Mon corps est mots. Quelques-uns effacés d'autres qui restent et d'autres qui s'affirment quand l'écriture le possède. Je veux inscrire ici cette histoire polymorphe jusqu'à la limité extrême des ratures, des retours et des répétitions. Comme des millions de femmes, je veux inscrire mon corps en lutte car quelque chose me dit — et ce n'est pas ma science d'homme — qu'une grande partie de l'histoire, pour ne pas avoir été pensée et écrite pas nous, s'est figée dans la mémoire du corps femelle. (Gagnon, 1982, p. 145)
[1] GAGNON, Madeleine, Autographie :. 1. Fictions. VLB Éditeur. Montréal. 1982